Le Blog d'un retraité

12 janvier 2011

Les femmes africaines, par GG

Classé dans : Personnel, Voyages — admin @ 17 h 06 min

Bon on m’a tellement dit du bien de l’article que j’ai reproduit à partir du récit de voyage de mon ami Gégé en Afrique que à la demande générale de moi-même j’en remets une couche avec ce chapitre sur les femmes africaines. En plus on m’a laissé entendre que son article était remarquable par la qualité de son écriture, comme si c’était pour moi une découverte qu’il écrivait largement mieux que moi. Salaud de Gégé, tu as la parole. Mais si tu veux faire un blog ne compte pas sur mon aide. Au fait, la bouteille de Talisker qui t’attend me fait bien souvent envie, mais je me retiens sottement je me contente d’un bas de gamme en attendant ton passage.

Des femmes Africaines en général

Par quel bout les prendre ? Ce qui saute aux yeux quand on traverse l’Afrique, c’est leur omniprésence et leur activité incessante dans tous les domaines, à tel point qu’on se demande parfois où sont les hommes. Certainement pas à la maison où ils sont interdits de toute tâche ménagère et servis comme des princes par toutes les femmes de la famille, même jeunes, même éduquées.

Dans la même journée, elles peuvent parcourir des kilomètres à pied, passer des heures au champ ou au marché, s’occuper de la maison, des gosses et enfin du mari. J’ai appris par une enquête effectuée par les ONGistes du Congo chez qui j’ai passé quelques jours, que la femme est « sollicitée » en moyenne une fois par jour par son mari. Ça se passe entre 4 et 5 heures du matin, et ça tombe bien parce que c’est l’heure à laquelle la femme se lève pour préparer le déjeuner du champion qui récupère.

En Zambie, j’ai habite chez un jeune rasta, très occidentalisé, avec un bon niveau scolaire et sous certains aspects « de gauche » si ce mot avait encore un sens. Quand sa fiancée est arrivée, il s’est mis à la traiter comme un chien, lui donnant l’ordre de ranger le bordel qu’on avait mis dans la maison depuis une semaine et lui interdisant de mettre le nez dehors. Il a eu beau me dire que c’était leur culture, qu’elle avait été éduquée comme ça et que l’homme devait s’imposer, je me suis engueulé avec lui et je suis parti.

Ce machisme semble surtout à usage domestique car en public, les hommes sont très courtois et très respectueux des femmes. En ville on voit des pères s’occuper des enfants, des maris attentifs à leurs épouses et des collègues galants.

SOS FEMME BÂTÉE

Au sud du Sahel, tous les animaux de bât (chameau, âne, bœuf) ont disparu, il ne reste que la femme pour transporter les productions de la ferme et les denrées nécessaires à la famille. Un fagot sur la tête, un sac dans une main, une cruche sur la hanche, un enfant dans le dos, un autre dans le ventre, la femme africaine ne voyage jamais à vide. Dans les campagnes d’Afrique centrale et australe, elles ont adopté la technique de portage asiatique, une sangle sur le front maintenant dans le dos un sac souvent plus lourd que la porteuse qui va pieds nus.

Quand les hommes charrient quelque chose,c’est presque toujours sur un vélo, une carriole ou avec un véhicule à moteur.

LA FEMME EST L’AQUEDUC DE L’HOMME

Partout depuis le Sud marocain en passant par le Pays Dogon et jusqu’aux premières forêts tropicales, chaque jour les femmes sont de corvée d’eau. Des kilomètres à parcourir avec sur la tête 20 a 30 litres d’eau dans une amphore, une calebasse, un bidon ou une bassine. Sous un soleil de plomb, souvent pieds nus, elles reviennent par petits groupes en rigolant, majestueuses, semblant ignorer le fardeau en équilibre sur leur tête.

Un jour au Burkina, j’observais deux gamines de 7-8 ans faisant des allers-retours au marigot en contre-bas,en portant chacune un seau plus lourd qu’elles. Sur le talus un grand gaillard de 14 ans (leur frère) les attendait pour transvaser l’eau dans une citerne attelée a un âne. Je lui demande pourquoi seules les filles vont puiser l’eau, il me répond du tac au tac « parce qu’on a que deux seaux »!

L’ÉLÉGANCE D’ÊTRE NÉGRESSE

C’est un lieu commun de dire que les Africains sont élégants, c’est vrai aussi pour les Africaines. Même si les tenues vestimentaires ont tendance à s’uniformiser sous les coups de la mondialisation et du « second handed », certains pays résistent, comme le Mali où la majorité des femmes mariées portent le boubou traditionnel. Un boubou très coloré, souvent exubérant, dont la coupe, l’ampleur et la qualité signalent la richesse et le rang occupé dans la société.

Mais aujourd’hui, dans beaucoup de pays, l’habillement féminin témoigne de l’appartenance à deux cultures. Un haut occidental sur un soutien-gorge (à part dans quelques campagnes reculées et dans certains night clubs, le topless a disparu du continent) et un pagne sur une jupe ou un pantalon pour le bas. Un pagne multifonctions comme je l’ai déjà écrit, qui dans certains pays devient aussi support publicitaire, offert par Nescafé ou Maggi, un faire-part de deuil avec le portrait du défunt et son état-civil en légende, ou panneau électoral la femme arborant fièrement sur ses fesses la photo du candidat de son cœur.

Ce qui n’est pas un lieu commun, c’est le souci de propreté des Africains et des femmes en particulier. Mais comment font-elles, elles qui se tapent tous les sales boulots pour avoir l’air impeccables en permanence, malgré la chaleur, la poussière ou la boue et les conditions de vie précaires ? Un copain Burkinabé m’a dit que pour rester propre il se changeait trois fois par jour. Moi je ne peux pas, je n’ai que deux pantalons, en général un sale et un mouillé.

DÉTRESSE DANS LES CHEVEUX

Un des principaux soucis d’élégance pour les Africaines vient de la coiffure. Elles dont les cheveux crépus deviennent rapidement des dreads si elles ne s’en occupent pas, envient les Européennes avec leurs longs cheveux blonds et lisses. La plupart des femmes n’ayant ni le temps ni les moyens pour entretenir une tignasse crêpée à « l’Angela Davis » ou des cheveux défrisés a la « Grace Jones », doivent se donner beaucoup de mal pour obtenir un résultat qui leur convienne. Si quelques unes, soit très pauvres, soit très fashion, osent le crâne rasé ou le cheveu ras, la majorité doit avoir recours à des artifices.

On rencontre en Afrique une quantité incalculable de salons de coiffure et de magasins offrant des postiches, des mèches et toute sorte d’accessoires capillaires de qualité très diverse. Ça va du cheveu naturel et hors de prix venu d’Inde ou de Chine, aux fils de nylon plus ou moins fins et souples en passant par d’horribles moumoutes qu’on dirait tricotées avec de la grosse laine. Les femmes passent un temps fou pour se faire tresser ces postiches sur la base de leurs vrais cheveux, parfois chez la coiffeuse mais le plus souvent par une parente ou une copine. Certaines tresses très compliquées peuvent prendre plus d’un jour réaliser et il faut les changer souvent car quand les vrais cheveux poussent, les tresses se mettent à pendouiller lamentablement.

Certaines coiffures sont traditionnelles et portées par toutes les femmes d’une tribu. Ma préférence va à celle des femmes des tribus du fleuve Congo. Le crâne est divise en petits hexagones plus ou moins nombreux (comme un ballon de foot), les cheveux de chacun de ces hexagones rassemblés au centre et tressés avec des postiches en une longue tige se terminant par une petite décoration. Ces tiges perpendiculaires au crâne mesurent jusqu’à 20 cm de long, ce qui est très esthétique mais certainement assez peu confortable pour dormir. [Je me permets d'insérer cette photo, extraite du site "Le réseau de chercheures africaines" à Totonto... elle semble correspondre à ce dont parle Gérard]

Tresses africaines

Tresses africaines

NOIRS DÉSIRS

Mais chez la femme Africaine, ce qui saute aux yeux, c’est d’abord le cul. Et quel cul! Énorme, proéminent, revendiqué haut et fort et mis en valeur par des tenues très moulantes. Un cul allant jusqu’à faire un angle droit avec le bas du dos (Reiser l’avait bien remarqué lui qui dessinait la femme africaine pilant le mil avec un enfant debout sur les fesses). Une Togolaise m’a raconté que pour obtenir ce résultat, les mamans massaient quotidiennement et vigoureusement les fesses de leurs petites filles au cours de leurs premières années. Un cul qui semble avoir une vie indépendante comme dans certaines danses (coupé-décalé), où il s’agite en de puissants mouvements horizontaux, verticaux ou circulaires sans que le reste du corps ne bouge. Malheureusement, ces danses très en vogue en Afrique, inspirées d’anciens cultes de fertilité et de rites matrimoniaux qui étaient autant d’hommages à la féminité, sont transformées, dans les clips à la mode, en parodies pseudo-érotiques à coup d’interminables gros plans recto-verso sur cette partie du corps des danseuses.

Un corps souvent sublime chez les jeunes filles mais qui semble vieillir très vite, usé prématurément par des travaux harassants, des grossesses à répétition et un régime alimentaire très déséquilibré.

La peau noire, si belle,lisse et luisante est aussi fragile et accuse fortement vergetures, rides,tâches et cicatrices, notamment à la campagne et dans les milieux défavorisés. A la ville et dans les milieux bourgeois, les femmes (et souvent les hommes) prennent un soin méticuleux de leur peau, s’enduisant d’une incroyable variété de crèmes nourrissantes, adoucissantes, éclaircissantes, que l’on trouve partout dans les rues ou dans des magasins spécialisés.

Une couleur de peau qui est très loin d’être unique. Depuis le noir anthracite jusqu’à des peaux presque blanches en passant par toute la gamme des cafés et des chocolats au lait. Un jour, je parlais avec deux sœurs, l’une à la peau noire très foncée, l’autre très claire, qui trouvaient cette différence très naturelle et m’affirmaient que c’était un phénomène courant en Afrique. Je n’osais pas leur dire que j’y voyais plutôt une résurgence de ce que les historiens de droite nomment  » les aspects positifs de la colonisation » ou encore d’une confession qui aurait dérapé…

À 25 ans une femme doit être mariée ou au moins fiancée en attente de constitution de dot, sinon elle est réputée prostituée. À part dans les contrées musulmanes, la virginité n’a pas grande importance, les jeunes filles pouvant (comme chez les Masais) être encouragées par leurs mères à faire leurs propres expériences avant le mariage. En ville, elles traquent l’homme occidental par tous les moyens, de la boîte de nuit au site internet. On dit d’une fille qui est avec un Européen qu’elle « a gagné le blanc ». Le vieux blanc est particulièrement recherché et il n’est pas rare qu’elles viennent lui faire des propositions dans l’espoir de l’accrocher et de le suivre en Europe.

DES BANQUIÈRES ET DES SORCIÈRES

Dans beaucoup de pays, les pouvoirs publics semblent s’intéresser au sort des femmes. Je ne compte plus les banderoles, les affiches, les spots télé rencontrés dans les pays traversés, annonçant la volonté d’ émanciper les femmes, de scolariser les filles, de lutter contre les violences conjugales et le harcèlement sexuel au travail. Le 08 mars, j’étais au Cameroun (mais il n’y a aucune raison de douter que ce soit la même chose partout), tous les médias mettaient en valeur des femmes qui avaient réussi. On racontait l’irrésistible ascension d’une fille de paysans devenue ministre, on faisait le portrait d’une pilote ou d’une banquière en montrant bien leurs maris s’affairant à la maison. Ici et la, ce volontarisme semble porter ses fruits et l’on rencontre dans les villes et dans des proportions différentes selon les pays, des femmes flics, militaires, chauffeurs, élues…

À la campagne, ce sont elles et elles seules qui sont à l’origine d’initiatives novatrices comme La Banque des Femmes, qui suivent des cours du soir, qui tentent de valoriser les produits locaux. À Yaoundé, malgré le comique d’une banderole annonçant  »JOURNEE DES FEMMES – EXPOSITION – VENTE », on ne pouvait qu’être admiratif pour tout ce qu’elles réalisaient sans aucune aide, voire dans des contextes hostiles.

Il est très difficile de se faire une une idée précise de la condition réelle des femmes en Afrique. La plupart des injustices et des sévices dont elles sont victimes ont lieu soit dans le huis clos familial, soit dans des campagnes reculées où ils sont justifiés par la tradition. On m’a raconte à plusieurs reprises que dans des villages, il arrivait que de vieilles femmes , veuves ou divorcées, soient rendues responsables des malheurs s’abattant sur la communauté, accusées de sorcellerie et assassinées avec l’assentiment général. On sait aussi que les violences conjugales, la polygamie, la répudiation, le mariage d’enfants, l’excision…sont encore monnaie courante, mais on ne peut aborder ces sujets avec les Africains qui les nient ou les tournent en dérision. Quant a l’optimisme des informations officielles disponibles, on ne peut guère le mettre que sur le compte de la propagande.

En conclusion : je serais tenté de dire que la situation de la femme Africaine ressemble assez à celle du continent. Une lourde chape faite d’Histoire et de traditions l’empêche de valoriser un potentiel énorme, des efforts et des souffrances qui ne profitent qu’a ses exploiteurs et quelques lueurs d’espoir insuffisantes pour envisager une amélioration dans un futur proche.

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