Le grand public, dont nous faisons partie, a le sentiment que le fait de rendre immatérielle l’information (son stockage, son transport: une bibliothèque dans un disque dur…, un message de 20 pages en un clic à l’autre bout du monde) rend transparente l’empreinte environnementale de l’informatique. Bien sûr, il n’en n’est rien. Et c’est bien normal. Les aspects de cette problématique sont nombreux, je ne parlerai que de quelques uns.
L’ordinateur à la maison
Comme vous vous servez brièvement mais fréquemment de votre PC, vous ne l’éteignez pas. Certes il se met en veille tout seul si vous l’avez prévu, mais l’alimentation tourne toujours. Certes c’est la corvée de devoir ré-ouvrir les logiciels, retrouver les textes en cours d’écriture, le site qu’on consultait. La bonne solution, c’est de mettre votre bécane en hibernation… C’est possible sous windows comme sous Ubuntu, et dans cet état toute la configuration en cours est mémorisée dans un coin du disque dur, sous Ubuntu, comme sous windows. Dans le cas d’Ubuntu, il faut que ce coin de disque, appelé le « swap » fasse le double de la taille de la mémoire vive (la Ram) de votre PC pour pouvoir contenir toute l’information nécessaire à la sortie d’hibernation. L’ordinateur semble éteint, mais quand on le rallume il se réveille dans l’état où il était avant l’hibernation. Et il vous demande un mot de passe par souci de discrétion.
Je passerai vite sur les économies possibles sur les impressions, parce que ça coule de source: on n’imprime que le document prêt à son usage, avant on utilise l’aperçu avant impression. On n’imprime pas tous les mails qui arrivent (notamment en entreprise) on les archive régulièrement sous forme numérique. On utilise des cartouches recyclables, mais c’est pas évident d’en trouver. L’idéal quand on imprime pas mal à la maison ou en petite entreprise, c’est l’imprimante laser, le coût à la feuille est bien plus faible, et les cartouches de toner toujours recyclables. (au hasard, la HP LaserJet P1005 coûte … 126,98 € ttc. À ce prix, c’est du monochrome bien sûr.
L’ordinateur éteint, vous croyez qu’il ne consomme plus rien. Que nenni: il y a toujours un témoin de veille qui traîne quelque part (il y en même un sur la carte mère). Mettez tous vos périphériques sur une barrette multiprise munie d’un interrupteur, et éteignez la. Si vous avez un onduleur, ce qui est hautement souhaitable, branchez la barrette en sortie de l’onduleur, mais surtout n’éteignez pas l’onduleur, il se recharge.
Vous trouvez que votre bécane se met à ramer, donc il est temps de la changer. D’abord si c’est Windows le système, c’est normal. Au bout de quelques semaines de fonctionnement, le disque dur se fragmente, il faudrait dé-fragmenter une fois par mois. Ensuite Windows installe un tas de machins sans vous en parler, vous même en installez d’autres que vous n’utilisez plus, donc tous les 6 mois il faudrait formater le disque dur et réinstaller le système. Puis récupérer vos données sur votre disque dur externe. Mais il vous faudra, à la 4ème installation, téléphoner en Irlande pour faire valider votre licence. P… de Microsoft. Sous Ubuntu c’est plus simple, il y a une nouvelle version tous les 6 mois, gratuite, on en profite pour tout réinstaller à zéro. Et Le système de fichiers de Linux plus on l’utilise, moins il fragmente.
Si on change de bécane tous les 6 ans au lieu de tous les 3 ans, on diminue de moitié le nombre d’ordinateurs à collecter et à recycler, donc le coût du processus industriel. À titre d’exemple, 6 000 ordinateurs sont mis au rancard tous les jours en Califormie. Et nos PC ne rejettent pas de CO² (ils ne marchent pas au diesel) mais contiennent une foultitude d’éléments toxiques qui peuvent être récupérés, mais aussi des métaux rares, et qui le deviendront encore plus; résultat: une tonne de cartes informatique peut être vendue 1 500 € pour en valoriser l’argent, l’or et le palladium [source]. Mais ça nécessite des processus industriels complexes qui n’existent pas en chine ni en Afrique. Comme disent les businessmen de l’environnement: Turn it green, and turn green to gold (faites en du vert, et transformez le vert en or).
N’offrez pas vos vieilles bécanes à une assoc pour soit disant l’offrir aux pauvres africains. Elle finira dans une ruelle de chine ou d’ailleurs à polluer les rivières. Apportez la à la déchèterie spécialisée la plus proche.
Donc non, pas la peine de changer de machine tous les 3 ans. Tous les 6 ou 7 ans, pourquoi pas, et encore on peut changer les composants (processeur, disques, Mémoire,…) pour améliorer les performances sans pour autant acheter du neuf. Avec les portables c’est plus difficile, et plus coûteux, les composants sont plus chers.
Voici un site où vous pourriez trouver une liste de matériel de fournisseurs ayant, semble-t il, pris un engagement d’économie d’énergie. Mais bon, sous toutes réserves, il a wwf là dedans, vachement compétents en informatique. À première vue il y a le catalogue entier de certains constructeurs…
En entreprise
Je n’insisterai pas sur le nombre d’employés qui croient qu’il ne faut jamais éteindre un ordinateur. On leur a dit ça, ou ils ont cru le comprendre, ou… Bien sûr que si, un ordinateur quand on s’en va on l’éteint. Mais passez le long des immeubles de bureaux et vous serez surpris: les postes de travail allumés la nuit, c’est pas rare. Je ne parle pas bien sûr des serveurs, ceux là restent allumés depuis leur jusqu’à leur remplacement. Les plus anciens de mon ancien Lycée (des Dell) sont restés allumés 7 ans sans interruption (j’exagère il y a eu des coupures de courant dûes aux orages, l’onduleur ne tient que 5 minutes, et un ventilo tombé en panne). Là on n’y peut rien, et en plus il faut la clim dans la salle des serveurs…
Et le transport et le stockage des données ?

Une baie de serveurs lames dans un datacenter
C’est là que le bât blesse, et que les coûts énergétiques sont les plus élevés avec leurs conséquences sur l’environnement. Par exemple la consommation électrique des « Centre de données » (datacenter) mondiaux a été de 45 milliards de kWh en 2005. Elle a doublé en 10 ans, entre autres en raison de la piètre qualité des serveurs utilisés dans ces installations. [source]
Un Datacenter c’est quoi? Un centre de traitement des données est un service généralement utilisé pour remplir une mission critique relative à l’informatique et à la télématique. Il comprend en général un contrôle sur l’environnement (climatisation, système de prévention contre l’incendie, etc.), une alimentation d’urgence et redondante (plusieurs appareils pour faire la même chose), ainsi qu’une sécurité physique élevée. Voir ICI.
Les datacenters servent autant à stocker des données pour des clients (banques, entreprises…) mais aussi à regrouper tous les flux web des fornisseurs d’accès à internet (FAI) pour les acheminer sur les grands autoroutes de l’information à très haut débit (barebones). Par exemple le datacenter de Google contient 450 000 serveurs. Leur consommation et celle des autres datacenters dans le monde est gigantesque. Toutes les transactions web, bancaires, agences de voyage, vpn, sécurité nationale, tout passe dans ces salles obscures et fraiches (20 °c) hautement sécurisées. Et leurs gestionnaires ont tout intérêt à concevoir des systèmes bien plus économes en énergie. Google travaille de concert avec Intel et d’autres constructeurs (IBM) pour définir un nouveau standard

Des conteneurs de serveurs, à gauche les 9 tonnes de batterie servant aux onduleurs
d’alimentation. Ce nouveau standard permettrait d’économiser une quantité astronomique de puissance électrique. Une fois déployé sur 100 millions de PC (soit 10 % du parc mondial) fonctionnant 8 heures par jour, on pense économiser 40 milliards de Kwh en 3 ans (durée d’utilisation moyenne d’un PC actuel).
Voici une petite vidéo de Google permettant de visiter leur centre de données; on y voit notamment la puissance de l’installation de refroidissement. Désolé, c’est en anglais…
Si ça ne marche pas, cliquez sur ce lien: Le datacenter de Google
Quelques éléments supplémentaires: plutôt que des énormes datacenters avec de gros systèmes, on s’oriente vers le « cloud computing », nuage de serveurs dispersés dans des datacenters plus petits. Autre piste, y compris pour les ordinateurs familiaux: en cas de baisse d’activité du processeur central, la totalité de l’appareil pourrait se mettre en veille partielle, technique en cours de développement sur les serveurs peu sollicités la nuit mais refroidis quand même.
Voilà quelques éléments d’information sur la problématique environnementale de l’informatisation de notre société. J’espère qu’elle vous apportera quelques éléments de réflexion, et vous amènera à adopter quelques gestes responsables supplémentaires…
pourquoi ne pas installer les datacenter en plein air en islande ? moins de frais en clim !
sans rire, on se rend compte une fois de plus que nos efforts en matière d’économie d’énergie, à l’échelle de nos foyers de simples mortels, sont nécessaires et importants sur le principe, dans l’esprit, mais c’est bien entendu à l’échelle des entreprises qu’ils sont vraiment efficaces. or c’est souvent sur le premier niveau, en France en tout cas, qu’on fait peser la responsabilité du salut de la planète. C’est dommage car on avance moins vite qu’en faisant pression sur les vrais gros pollueurs.
merci papa pour l’article, car je ne connaissais pas du tout ces « datacenter » !
Commentaire par youyou — 10 avril 2010 @ 21 h 42 min
merci pour l’article, c »était juste pour dire qu’on pouvait installer des logiciels qui utilisent la « non-utilisation » du cpu… pour la recherche dans pleins de domaines !!! SIDA, physique…
Commentaire par edd — 15 mai 2010 @ 1 h 46 min
Salut c’est re-moi !!
j’oubliais pourquoi tu es contre d’envoyer des pc en afrique. J’ai un ami en Afrique et quand il revient en france il repart souvent avec du matos que j’ai trouvé à droite à gauche… bon c’est sûr c’est pas la peine de refiler des trucs de vingt ans mais du matos avec des anciennes normes je pense aux cartes graphiques AGP difficiles a trouver donc il faut tout racheter. J’avoue être en desaccord complet : mieux que le recyclage, la réutilisation !!!
Commentaire par edd — 15 mai 2010 @ 1 h 59 min
@edd:
Quand on écrit un article bref comme celui-ci, on est amené à simplifier sa pensée. Bien sûr il est naturel et intelligent, quand on connaît les gens, de proposer des pièces, voire des machines anciennes et en parfait état de marche. Ce contre quoi je râlais (m’élever est bien grand mot) c’est le trafic dont l’Afrique est l’objet et qui l’amène à devenir une poubelle du matériel informatique.
Je viens d’acheter (40€) dans un vide-grenier un vieux PC pentium II 600 Mhz, 560 de ram, avec un windows XP Pro en anglais manifestement piraté. Je suis en train d’y installer une distribution Linux spéciale pour machines lentes, Toutou Linux. Quand ce sera au point je la donne à qui la veut, y compris une association à laquelle ça peut rendre service. Pour le moment ça marche en cd-live, mais je peine à l’installer en dur.
Commentaire par Le retraité — 15 mai 2010 @ 14 h 05 min
Merci à John326 pour son charmant commentaire. Mais c’était un spam, le commentaire était suivi d’un lien vers un site de cul… Dommage pour vous, j’ai modifié le commentaire et enlevé le lien!
Commentaire par admin — 10 septembre 2010 @ 16 h 09 min