Le Blog d'un retraité

15 octobre 2010

De l’Afrique en général

Classé dans : Personnel, Voyages — admin @ 16 h 23 min

Parti en retraite en même temps que moi il y a un an , mon ami Gérard Gasson a voyagé en Afrique pendant un an. Parti de Toulouse en train vers le Maroc via Barcelone, il a ensuite visité le sud Sahel, le Bénin, s’est dirigé vers le Congo. Il a remonté le fleuve Congo à bord d’une barge vers l’Afrique de l’Est, Kenya, Zimbabwe, Zanzibar etc. il a terminé son périple à la pointe extrême de l’Afrique du Sud, où, miction accomplie au Cap des Aiguilles  en direction de l’Atlantique et de l’Indien, et sans avoir voyagé autrement qu’en bus, train, bateau, stop, il a repris l’avion pour Londres puis Carcassone où il est rentré le mois dernier. Au cours de son périple il a écrit une série de récits sur le vif, et avec son autorisation je publie le texte qu’il a consacré, depuis le Zimbabwe, à l’Afrique en général.  Le reste est donc de sa plume.

Je suis à Harare au Zimbabwe dans l’internet café de la rue Robert Mugabe

Cette nuit il a fait -5 degrés, heureusement, j’habite dans un bordel ou l’ambiance est très  « hot ». Ça fait tout drôle de voir ces Africains en anoraks et moufles, expirant de la vapeur et tapant du pied pour se réchauffer.

J’imagine que personne ne va s’intéresser a mes histoires pendant ces vacances caniculaires mais comme à la réflexion il n’y en a plus guère que pour 15 jours, ça vous fera de la lecture pour la rentrée.

RAYONNEMENT FRANÇAIS

Depuis que j’ai quitte le Congo, non seulement je n’ai plus entendu parler Gaulois mais je n’ai rencontré aucun Français. Des Belges, des Suisses, des Canadiens, un Andorran, voila ce que j’ai vu de plus hexagonal ces derniers mois. Coté gastronomie, seules les french fries, sortes de frites grasses, molles et tièdes et la vache qui rit rappellent vaguement le pays. Côté gros rouge, ici à part un mystérieux J.P. Chenet qui vend du  »vin de France’’sur tout le continent, on ne peut boire que du sud africain. D’ailleurs, la France dans le coin, beaucoup n’en ont jamais entendu parler, quelques uns connaissent le nom de Paris mais personne ne sait où ça se trouve (en même temps je me dis que si on demandait à des Français de situer la Zambie ça ne serait pas terrible non plus. Par dessus le marché personne ne pourrait citer un Zambien célèbre alors qu’ici, tout le monde connait Raymond Domenech.)

QU’EST CE QU’ON MANGE?

Raconter l’Afrique par le menu serait assez déprimant car depuis le Congo avec ses ragouts de singe, soupes de tortues et brochettes de vers blancs, rien de très exotique dans ce chapitre (sauf au Mozambique où l’on mange beaucoup de souris). Partout la base de l’alimentation est une purée très bourrative faite à base de farines différentes selon les pays, que l’on mange avec les doigts après l’avoir trempée dans une sauce plus ou moins appétissante. Mil pilé, farine d’igname de manioc ou de maïs, bananes plantain deviennent tour a tour et selon les pays du tho, du fufu, du matoke, du n’sima…La viande est servie très parcimonieusement, les légumes très rares, les laitages absents, le riz et le pain rares car chers.

QU’EST CE QU’ON BOIT?

On trouve dans toute l’Afrique les mêmes saloperies sucrées et gazéifiées que partout dans le monde et on en boit beaucoup. On trouve aussi partout des bières locales et des alcools résultant de la fermentation ou de la distillation de tout ce qui contient un peu de sucre. Bière de mil ou de maïs, vin de palme ou de bananes, alcools à 70 degrés faits à partir de résidus de canne à sucre ou de trognons d’ananas…

QU’EST CE QUI POUSSE?

Aussi surprenant que ça puisse paraitre, il pousse en Afrique à peu près tout ce que l’Europe connait comme fruits, légumes et céréales. Les marchés regorgent de tomates, d’oignons, d’aubergines, de salades que curieusement on ne retrouve jamais aux menus de restaurants. Dans les villes on propose des barquettes de fruits exotiques comme les fraises, les pommes, les poires et les raisins importés d’Afrique du Sud. Si les fruits de la passion, les mangoustines et les ramboutans poussent surtout en zone équatoriale, l’ananas, la mangue, la papaye et la noix de coco se rencontrent un peu partout.

Au bord du Lac Malawi on cultive le riz et en Zambie on voit des centaines de champs ronds de 200 hectares de blé irrigués par un pivot. J’ai vu aussi d’immenses étendues de maïs qui feraient rêver plus d’un paysan Tarnais mais dont la présence en bouts de rangs de panneaux Pioneer peuvent faire douter de la pureté génétique.

En ce qui concerne les plantes industrielles, la canne a sucre et le coton sont très répandus et l’on voit d’immenses étendues de sisal en Tanzanie. Le café, le cacao,et le thé poussent dans la plupart des régions montagneuses d’Afrique centrale et orientale.

Depuis l’Ouganda, on distingue très nettement deux sortes d’agricultures: une traditionnelle, vivrière et soumise aux aléas climatiques et à tous les fléaux naturels, et d’immenses fermes appartenant soit à des anciennes familles de colons, à des sociétés internationales, et de plus en plus à de grands groupes chinois.

Concernant les arbres, outre les essences purement africaines poussant dans les forêts tropicales ou équatoriales, peu d’arbres remarquables sinon le baobab dont j’ai traversé une immense forêt en Tanzanie, et l’eucalyptus vedette sylvicole incontestée du continent qui pousse du Caire au Cap.

L’hévéa, arbre à caoutchouc est encore cultivé ici et là , notamment au Malawi, et je me suis demandé si c’était pour lutter contre les accidents de la circulation qu’ils en plantaient au bord des routes.

On voit enfin des curiosités comme l’arbre à pain et l’arbre à saucisses à propos desquels je me suis demandé si leur greffe mutuelle ne pourrait pas donner un arbre à sandwich…

COMMENT ON SE DÉPLACE ?

Comme tous les endroits pauvres du monde,l’Afrique est desservie par un très dense réseau de transports en commun atteignant les villages les plus reculés. En Afrique de l’Ouest, ce sont surtout les taxis collectifs, vieilles guimbardes Peugeot ou Mercedes qui ne partent que quand ils sont surchargés. En Afrique de l’est, pour les transports comme pour le reste on respecte davantage les normes et les minibus dépassent rarement le nombre de passagers autorisés. Partout les véhicules français sont remplacés par des asiatiques, notamment Toyota qui doit se goinfrer 90% du marché. Ils ont aussi le monopole des 4×4 blancs de l’ONU dont les derniers modèles coûtent 70 000 euros.

Les bus et les camions sont souvent TATA (l’Indien) ou chinois sans marque affichée. Les Chinois ont aussi envahi l’Afrique occidentale de centaines de milliers de petites motos 150 cc vendues 300 euros et portant de jolis noms comme Honda ou Kawa. Faut dire que le chinois ne s’emmerde pas, quand il copie un téléphone Nokia il l’appelle Nokia et Samsug, Samsung.

Les véhicules privés sont encore partout assez rares mais sont souvent de gros 4×4 ou hummers appartenant a la classe dirigeante, affairiste ou mafieuse qui est souvent la même.

DANS QUOI ON HABITE ?

Laissons de côté les villes qui n’abritent qu’entre 10 et 20% de la population et qui offrent partout le même type d’architecture allant du béton pisseux pour les quartiers populaires au verre acier des buildings commerciaux des centres villes en passant par les immenses périphéries tôle-carton-plastique abritant les plus défavorisés.

Dans les campagnes, les types architecturaux se ressemblent aussi mais offrent du Nord au Sud de subtiles différences intéressantes à observer. À la campagne,c’est généralement le manque de moyens financiers qui oblige à construire écolo. Terre crue pour les murs et les sols ,végétaux divers pour les toits,et bois pour les charpentes. Les cases sont toujours rondes à l’Ouest pour devenir rectangulaires à l’Est où l’on construit davantage en briques cuites. Depuis l’Atlas marocain jusqu’au Sud du continent, les mêmes indices dénotent l’enrichissement des habitants, ce sont les tôles comme couvertures et le ciment pour les murs. On peut aussi ajouter la présence d’une parabole et parfois d’un générateur d’électricité. La qualité de la terre et la présence d’eau est directement lisible dans la qualité des constructions et l’on peut passer en quelques kilomètres d’un village de vallée tôle-béton à un plateau aride où aucun élément de construction ne provient du marché. Si l’on entre dans les cases d’un de ces villages on ne trouvera aucun objet manufacturé à part un chaudron et des poteries provenant de l’artisanat local, et si il se trouve une machette, une brouette ou un vélo, il y a fort à parier qu’ils proviennent d’un programme international d’aide au développement.

QUI ON RENCONTRE ?

Je ne vais pas parler ici des innombrables tribus qui peuplent l’Afrique ni des cons à trompette qui continuent à revenir de la coupe du monde (Je salue quand même au passage la crise qui a rendu les Espagnols trop pauvres pour faire le voyage et se la péter avec leur victoire, quant aux Allemands et aux Hollandais ils ne soufflent dans leur machin qu’à plus de 2,5 grammes).

Je voulais juste parler ici d’une Afrique terre d’immigration alors que vue d’Europe elle n’est qu’un continent peuplé de gens prêts à tout pour le quitter. Il y a d’abord les innombrables migrations internes qui amènent par exemple un Togolais à venir chercher fortune au Burkina et un Burkinabé à tenter sa chance au Togo, des Maliens et des Sénégalais à se rendre clandestinement au Zimbabwe pour y faire le commerce de diamants ou des prostituées Congolaises à venir travailler en Zambie parce que nul n’est prophète en son pays.

Le Mozambique offre un exemple intéressant de ces brassages de populations. On rencontre ici des descendants d’immigrés  »historiques » venus des anciens comptoirs portugais d’Orient comme les Indiens de Goa ou les Chinois de Macao. On voit des saoudiens occupés à diffuser l’Islam et des Libanais faire du commerce. En revanche, contrairement à ce qu’on peut observer dans les anciennes colonies françaises ou anglaises, pratiquement aucun Portugais n’est resté ou revenu. On trouve aussi au Mozambique une immigration à base linguistique composée d’Angolais , de Guinéens et de Brésiliens très actifs dans le secteur industriel. On m’a également parlé de Cubains rescapés de la coopération cubano-mozambicaine, à l’époque où le pays s’essayait au socialisme.

En Afrique comme ailleurs l’immigration interne ou externe n’est pas sans risque. L’Afrique post-coloniale et dictatoriale a souvent trouvé dans les populations étrangères de faciles boucs émissaires à qui faire endosser ses échecs politico-économiques. Dans les années 70, Idi Amin Dada a mis à la porte tous les Indiens d’Ouganda, Mugabé a chassé les Anglais du Zimbabwe et plus récemment, Bedie a expulsé les étrangers de Côte d’Ivoire pour cause de « non ivoirité ».

Parmi les immigres récents j’ai rencontré des ex-aventuriers européens et américains n’ayant plus d’attaches dans leur pays et échoués dans des bars ou des guest house de la côte, parle avec des réfugiés Zimbabwéens et Rwandais et observé de nombreux Chinois. Des Chinois à la réussite arrogante, omniprésents, racistes et très mal perçus par les Africains du Nord au Sud du continent. Si mal perçus que je ne serais pas étonné que les haines et les jalousies accumulées à leur égard soient à la base des prochaines violences, des futurs pogroms et partant, des futures missions de l’ONU.

Enfin,contrairement a ce que l’on peut s’imaginer en France, on rencontre beaucoup de touristes et d’étonnants voyageurs comme ceux ci rencontres au Malawi:

Rencontre lapino-américaine:

Je faisais du stop quand un minibus Toyota plein de blancs s’arrête pour me prendre. J’apprends que c’est une famille américaine, le père, la mère et leurs 10 enfants. Le père est pasteur méthodiste au Malawi, la mère qui ressemble à un poisson mort est prof et tous partent en vacances pour 15 jours. Ils sont végétariens, vivent en vase clos dans leur villa, cultivent leur jardin et la mère fait l’école à tout le monde de la maternelle à l’université. Sur les 10 enfants il y a deux petits noirs adoptés pour remplacer les deux aînés partis se reproduire en Floride. L’aîné me demande si c’est vrai que les filles fument en France (?), je lui réponds que oui mais qu’elles ne font pas que ça et il n’en revient vraiment pas.  Je demande s’ils sont Obama, on me répond par un lourd silence…je dis Bush alors et un ouuii collectif salue ma perspicacité. Je n’ai pas le courage de demander à descendre, à chaque virage en épingle il y a un préposé à la prière de soutien au chauffeur, et ça marche, on arrive en bas sains et saufs. Avant de se séparer on a fait une dernière prière collective pour malgré tout protéger ce mécréant de français.

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