Le Blog d'un retraité

18 novembre 2009

Au fil de « L’écume des jours » (Boris Vian)

Classé dans : Lectures — Mots-clefs :, , — admin @ 12 h 03 min

Voilà 40 ans que je ne l’avais pas relu, et ce roman avait un goût de nostalgie de l’adolescence, avec des notes de passion impossible et mortifère, de plaisir de lire des choses nouvelles…

J’ai eu l’occasion de m’y  replonger puisque je l’ai acheté pour le fiston. Voici donc quelques notes de lecture.

Pour résumer l’intrigue:

Colin, jeune homme beau et riche, tombe  amoureux de Chloé, une jeune fille d’une grande beauré; ils ont pour amis Alise et Chick, passionné par les écrits d’un philosophe existentialiste, Jean Sol Partre. Son cuisinier, Nicolas, est un adepte de la la cuisine classique de Gouffé, et il est amoureux d’Isis. Colin et Chloé se marient, elle tousse à la sortie de l’église.

Les inventions lexicales.

Aucune déception à la relecture. Ah les doublezons, les Varlets nettoyeurs, la guillotine à exécuter les ordonnances, ce sont des bons souvenirs. Ça nous changeait de l’étude des classiques , notre lot à nous candidats bacheliers. Les inventions lexicales nous réjouissaient. Au delà du lexique, les descriptions de paysages non plus: les objets, les paysages, le ciel, avaient des réactions presque humaines, ou en tous cas leur mouvements et leur aspect sont sensibles aux sentiments vécus par les personnages.

« Il tendit sa carte d’abonnement, qui fit un clin d’oeil au contrôleur à l’aide des deux trous ronds déjà perforés. Le contrôleur répondit par un sourire complice, n’en ouvrit pas moins une troisième brêche dans le bristol orange, et la carte fut aveugle » (ch. III)

Le Jazz

Je ne m’en n’étais pas rendu compte à l’époque, mais le Jazz jouait un grand rôle dans le livre. Les noms des personnages, bien sûr (Chick, comme Chick Corea, Chloé, comme la composition de Duke Ellington, le pianocktail, biensûr, qui compose des breuvages cohérents avec la musique qu’on y joue, mais certainement aussi la composition générale, la montée dramatique, le style. Mais même maintenant ma connaissance du jazz est insuffisante pour apprécier.

Une tragédie intemporelle.

Je ne me souvenais pas à quel point c’était un roman noir. Pas un policier noir, non, une histoire d’amour qui finit mal. On sait que les histoires d’amour finissent mal en général, mais ici la progression dramatique est inexorable, elle se traduit bien sûr par les évènements que vivent les personnages centraux, Colin et Chloé, mais aussi aux personnages seconfaires: Chick, dont la passion pour la collection des manuscrits de Jean Sol Partre (Sartre bien sûr) l’amène à la ruine et finalement à la mort, Nicolas aussi, qui vielli de 15 ans en une semaine et dont la cuisine se dégrade progressivement pour finir par brûles de vulgaires saucisses à la poële…

Le travail, c’est pas la santé.

Un thème qui ne m’avait pas frappé il y a 45 ans, c’est la vision du monde du travail qui est proposée. Le travail est insupportable, dangereux; aliénant est un adjectif qui qualifie insuffisamment le travail mercenaire.
« - Si mes frais s’arrêtaient d’augmenter, dit Colin, et il se reprit: si mes frais cessaient  de croître, j’aurais assez, en vendant mes choses, pour vivre sans travailler. Vivre pas très bien, mais vivre.
- Vous n’aimez pas le travail? dit l’antiquaire.
- C’est horrible, dit Colin. Ça rabaisse l’homme au rang de la machine. »

Un artiste multiforme

Pourtant, Boris Vian était lui même un gros travailleur. Bachelier à 16 ans si mes calculs sont bons, Ingénieur de l’Ecole Centrale, traducteur de l’anglais anglo américain (il a notamment traduit Raymond Chandler (dans le style du roman noir, et scénariste  entre autres du film « le Dahlia bleu », titre qui inspira à James Ellroy le titre de son roman le plus connu « le dahlia noir »), romancier on le sait, musicien amateur (trompettiste honorable), critique musical reconnu, spécialiste du jazz bien sûr, poête:
« Je voudrais pas crever
Avant d’avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d’argent
Au nid truffé de bulles… »

Auteur de chansons, et même interprète, ses textes furent l’objet de censure pendant longtemps (en particulier « le déserteur« , mais pas seulement)
Boris Vian avait contracté vers ses 12 ans un rhumatisme cardiaque, compliqué par d’autres maladies mal soignées. Il savait que son espérance de vie était limitée, c’est peut être pourquoi ses œuvres sont si désespérées, et aussi pourquoi il brûla la chandelle par les deux bouts dans autant d’activités artistiques.
Il mourut le 23 juin 1959 au début d’une projection ptivée de « J’irai cracher sur vos tombes« , film réalisé contre son gré d’après le roman à succès du même nom qu’il avait publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan.
Sa dernière épouse, Ursula Vian-Kübler, a créé la fondation « Fond’action Boris Vian«   qui maintient son souvenir et celui de son oeuvre.

Autres sources:

Encyclopédie Wikipédia:

Le petit cahier du grand Boris vian
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6 commentaires

  1. C’était également un hédoniste et un bricoleur et pour pouvoir installer une baignoire dans son appart trop exigu, il a percé un trou dans la cloison pour qu’elle puisse dépasser dans le salon ou le bureau … Son ourson-Ursula y habite encore. (Vu récemment dans la rubrique Déco d’un magazine féminin ???)

    Commentaire par Anne Pan — 19 novembre 2009 @ 12 h 46 min

  2. Ursula Kübler n’est plus toute jeune maintenant, et elle n’habite plus à Paris… Mon collègue GéGé est allé la voir il y a quelques années là où elle habite, en Catalogne française, près de Eus.
    Mais il paraît qu’elle fait visiter leur ancien appart à Paris, j’en suis pas sûr.
    http://www.borisvian.org/fondation_02_lieux.html

    Commentaire par admin — 19 novembre 2009 @ 13 h 29 min

  3. Les talents de Boris nous auraient été nécessaires pour aménager le placard qui nous sert de salle de bain à l’arrivée de notre cher bébé…

    Commentaire par youyou — 19 novembre 2009 @ 18 h 59 min

  4. C’est un livre que j’ai fait connaitre à mes élèves préféres et ai dû donc l’acheter une trentaine de fois
    Magali a fait pareil,c’est une lecture merveilleuse et qui m’a toujours fait pleurer ,surtout quand la petite souris se suicide
    Et combien j’ai rigolé à la java de la bombe atomique et chanté Mr le président…
    Je trouve ton idée de faire un blog super c’est la 1° fois que j’en lis un et c’est toi,comment en lire d’autres? Comment l’imprimer pour te rejoindre ?
    Je trouve tes filles tres réussies et j’apprécie bcp ton gendre,ils sont complices
    Pour Feliu ,il parait d’apres Anne qu’il est génial,j’attends qu’elle me le présente

    Merci encore pour ce que tu m’as fait connaitre deVian

    Kevin viendra t il ou préfère t il passer la journée avec ses copains,quand on est ado;;
    Bonjour à Danièle

    Commentaire par Bori Baras — 19 novembre 2009 @ 20 h 00 min

  5. Je pense que Kevin va faire l’ado…
    Merci pour tes commentaires, mais il y a des milliers de blogs de ce genre où des gens simples parlent de choses simples.

    Commentaire par admin — 19 novembre 2009 @ 21 h 15 min

  6. « le bricoleur sait aussi se faire surréaliste: lorsqu’il s’aperçoit que la nouvelle baignoire est trop longue, il abat une cloison et prend son bain la tête dans la chambre et les pieds dans la salle de bains… » (dans l’appartement parisien au 6 bis, cité Véron, 75018 Paris.)
    http://www.lexpress.fr/culture/livre/visite-a-boris-vian_810122.html

    Commentaire par admin — 20 novembre 2009 @ 10 h 29 min

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